lundi 27 avril 2009

Aimé Lacapelle parle enfin sa langue !

Connaissez-vous le B.I.T, le Bureau d’Investigation Tarbanais ? Et le fleuron de l’agence, l’enquêteur Aimé Lacapelle ? Moi je suis un fan de cette Bande Dessinée depuis le premier Tome, « Je veille au grain ». Quand je l’ai découvert, je n’en croyais pas mes yeux. Enfin un auteur de BD, Jean-Yves Ferri, qui parlait de nous avec humour et respect. Pour une fois l’action ne se passait pas dans une grande ville des Etats Unis, mais bien ici en Occitanie centrale. En général notre pays n’est qu’une région de vacances pour urbains en mal de verdure, et au mieux donne lieu à un reportage télé dans les chroniques estivales du JT de TF1.
Avec Aimé Lacapelle, les gens d’ici retrouvent une identité, un art de vivre, une vie sociale. Et il s’en passe des choses sur le territoire surveillé par l’agent du B.I.T ! Au fil des albums, « Tonnerre sur le Sud-Ouest » (Tome 2), « Poules Rebelles » (Tome 3), notre héros n’a de cesse de résoudre des affaires aussi complexes et loufoques les unes que les autres. Le géni de l’auteur réside dans une parfaite connaissance du terrain, ce qui offre des portraits et des situations qui sont autant de références humoristiques pour les autochtones.
Une BD qui nous ressemble
Jusque là je me étais toujours demandé pourquoi Aimé Lacapelle ne s’exprimait pas en occitan, la BD étant truffée d’occitanismes et d’idiomatismes. Et bien les éditions Fluide Glacial ont eu la très bonne idée d’éditer le 4° Tome « Bêtes du Bon Diu » en version occitane. L’As du B.I.T s’exprime désormais en langue originale. La traduction de Claude Balaguer est assez réussite, avec un vrai morceau de bravoure entièrement en alexandrins. Quant à l’humour et à la poésie de Ferri, non seulement ils supportent sans problème le passage du français à l’oc, mais on en vient même à se demander si Aimé Lacapelle parla un jour autrement qu’en occitan. A vous de découvrir ces adorables « Bestias del Bon Dieu » et leur univers qui nous ressemble tant.

Aimé Lacapelle - « Bestias del bon dieu » - Edition en occitan
Ferri
Edition- Fluide glacial - Audie

La passion Joan Da !

Vendredi soir dernier à Montignac, aux côtés des Peiraguda, un millier de spectateurs a pu découvrir Joan Da. A force de pugnacité, ce jeune chanteur languedocien venu de Béziers est en passe de se faire une place au de l’Occitanie. Œil de braise, sourire naturellement accroché à ses lèvres, il pourrait au premier abord sembler à un chanteur pour midinettes. C’est vrai sa voix est douce, chaleureuse avec une légère fêlure qui peut faire craquer la gente féminine. A y regarder de plus près le garçon est plus complexe.
« Register » tout simplement
Licencié et certifié de langue d’oc, Joan Da a mis entre parenthèses son sacerdoce de professeur d’occitan afin de se consacrer pleinement à sa carrière de chanteur. Le pari est risqué et courageux mais pour suivre son évolution depuis plusieurs années, je peux dire que le bonhomme travaille dur pour réaliser son rêve. Auteur-compositeur, il offre aujourd’hui des textes qui sont épurés et sensibles. Sa musique, quant à elle, est plutôt pop avec des riffs de guitare assez entêtants comme dans le titre « Viva Zapata ! ». Ce premier véritable album, « Register », fait référence au mot gravé avec ses ongles sur le mur de la Tour de Constance par Marie Durand, jeune protestante enfermée 38 années à Aigues Mortes parce qu’elle refusait d’épouser la foi catholique du roi Louis XIV. Il colore ainsi l’ensemble de l’album en parlant de résistance à toutes les oppressions. En plus de 11 titres, le CD offre des bonus vidéo intéressant sur le processus de création. A noter un duo avec Claude Marti en forme de passage de flambeau, ainsi que la présence au piano de Frédéric Fortes. Présence si remarquable d’ailleurs, qu’il est à souhaiter que la complicité de ces deux biterrois puisse se développer dans le futur. L’album « Register », un souffle de fraîcheur sur l’Occitanie.

REGISTER, Joanda, éditions Paysd’oc
Joanda Association, 5 impasse du Vercors 34500 Béziers
http://www.joanda.net/

mardi 14 avril 2009

30 ans, toujours fidèles


Le Beéarn a Nadau et Pagalhós, nous autres périgourdins avons Joan Pau Verdier et Peiraguda. Ces derniers ont gardé depuis 1978 selon la tournure rugbystique consacrée, leur ossature fondamentale constituée de Jean Bonnefon et Patrick Salinié.
Ces deux là c’est un peu pour moi comme pour nombre de gens d’ici, mes tontons adoptifs. Toujours fidèles au poste dans les moments où le besoin s’en fait sentir pour réconforter, donner de l’espoir et conter une bonne histoire. Si chansonniers ils sont c’est avec une dimension affective que parfois les non périgourdins ont du mal à comprendre. Leur poésie est à l’image de notre pays : douce, mélancolique, parfois moqueuse et bien sûr engagée au côté des croquants qui de tous temps se battent pour le respect et liberté.
L’amour du Périgord
Ecouter les Peiraguda, c’est allumer la cheminée et sortir une bonne bouteille en compagnie d’amis que l’on n’avait pas vus depuis longtemps. Aller à un de leurs concert c’est aller à la rencontre d’un Périgord amoureux de sa culture et de sa langue et optimiste quant à son devenir. Depuis 1978, sont passés dans le groupe Jean Louis Garrigue, Gilbert Guillaume, Bernard Gilet, Jean Marc Pernon, ainsi que le magnifique accordéoniste Jean Laguillonie. Au début des années 90, juste après l’aventure Bigaroc en compagnie de celui qui avait amené avec succès l’occitan sur les grandes scènes nationales, Joan Pau Verdier, les Peiraguda, firent mine d’arrêter de chanter. Et est-ce un signe ? Ce sont des minots qui ne les connaissaient que par leurs disques qui les amenèrent à se reformer. Aujourd’hui deux jeunots les ont rejoints, Jacques Gandon et François Paoli. Vendredi prochain ils fêteront leurs 30 ans avec de nombreux amis :Claude Marti, Joan Pau Verdier, Jan de Nadau, Joan Da, Daniel Chavaroche, Daniel Lomond, Le Solexcitan,…Un conseil, réservez vite sinon rendez-vous dans dix ans !

Concert des 30 ansà la salle des fêtes de Montignac le vendredi 17 avril 2009 à 20H30 précises.
Renseignements et réservations Amicale laïque de MontignacTél : 05 53 51 86 88Mail : a-l-m2@wanadoo.fr

Moussu T, le son de la Ciotat au Pays de l’Homme.

« L’universel c’est le local sans les murs ». C’est ainsi que l’auteur Miguel Torgal définissait la place de toutes les cultures dans un monde toujours plus globalisant. En plagiant la formule je dirais que le groupe « Moussu T e lei jovent » c’est la ville de La Ciotat sans les murs ! En effet peu de chanteurs et musiciens nous parlent aussi bien de l’univers qui nous entoure et de ses problèmes en racontant simplement des histoires de leur quartier ou des moments de la journée. Mais contrairement à d’autres chanteurs de France, ici le quotidien nous parle, il est mythifié et traduit l’amour, le travail, l’identité, la mort, avec toujours beaucoup d’humour et de douceur. Tatou, l’ancien, en opposition aux jovents, les jeunes Blu et Fred, a toujours su mêler dans sa poésie les sentiments, le chant revendicatif tout en cultivant une agréable nostalgie.
De 7 à 177 ans !
Moussu T e lei Jovent ont vu le jour il y a déjà quelques années autour d’un des leaders et du guitariste des légendaires Massilia Sound Sytem. Depuis les concerts se succèdent sur toute l’Europe. Le son proposé est très fédérateur. Mes enfants sont aussi fans de ce groupe que moi.. La fusion de la gouaille marseillaise, du blues, de la musique brésilienne et du ragga à la Massilia, fait de leur spectacle un moment de bonheur et de convivialité pour tous les publics.
En novembre dernier je vous proposais déjà de vous procurer le troisième album de Tatou. Vendredi prochain ne manquez pas de voir et d’entendre le groupe sur scène, à Villamblard. La chose est suffisamment rare dans notre département pour ne pas rater l’événement. Et pour les recevoir, les organisateurs de la soirée ont mis les petits plats dans les grands. La première partie sera riche en surprises. Des lycéens viendront faire leurs premiers pas sur scène en compagnie du très connu Solexcitant et du groupe Eskelina, avant le concert tant attendu de Moussu T e lei Jovents.

La scène de la Familha s’élargit !

La Familha Artus est en passe d’inventer une nouvelle musique, un rock radicalement ethnique. C’est vrai que les Baudoin ont été bercés dans une vielle à roue au rythme du tambourin traditionnel béarnais et au son de la boha, la cornemuse de Gascogne. En grandissant, en compagnie de leurs amis musiciens et techniciens,ils ont su fusionner le répertoire tribal gascon avec le rock progressif anglais et les musiques électroniques. Ainsi s’est bâti leur univers si particulier.
Une rencontre autour de la mémoire orale.
Depuis l’automne, sous la houlette de l’Agence Culturelle, la Familha Artus s’est mise au service de groupes périgourdins dont la pratique artistique n’intégrait pas encore la dimension identitaire occitane. On trouve ainsi : AIGZOCET, qui allie chant rap et slam, voguant entre rock, pop et hip-hop, Lady Calling, au «Folk électrique bouclé » et aux textes en français et anglais, et Saj’Osmoz qui revendique un hip hop conscient.
L’enjeu de ces rencontres était d’utiliser comme base de création les collectages de la mémoire occitane effectués en Dordogne depuis 2006. La Familha Artus a mis son expérience à disposition des trois groupes pour les aider en ce sens et les sensibiliser à l’introduction d’instruments dits traditionnels dans leur pratique artistique.
Un spectacle et un DVD
Vendredi 3 avril, à Bergerac, tous les acteurs de cette aventure se retrouvent sur la scène du Rocksane pour un grand concert de clôture. Un DVD va bientôt voir le jour pour montrer les étapes de cette résidence d’artistes, la genèse du projet ainsi que des extraits du concert et des entrevues avec les musiciens. Scène de Familha, sera sans doute un des évènements culturels de ce mois d’avril.
Renseignements
Agence culturelle départementale Dordogne-Périgord
05 53 06 40 00 / info@culturedordogne.fr / www.culturedordogne.fr

Catinon e Jacotin sont en deuil


Le créateur de Catinon e Jacotin, Charles Mouly, vient de mourir il y a peu. Avec lui c’est un monument de la littérature populaire qui disparaît. En effet quel écrivain en France peut s’enorgueillir d’une telle carrière. 20 000 chroniques écrites, 1000 émissions radios, 4000 représentations de théâtre, 5 millions d’exemplaires vendus des aventures de ses héros, et ce n’est là qu’un résumé de ce que fut l’incroyable phénomène que représentèrent depuis 1944 les chroniques de Catinon et Jacoutin a Minjacebas.
Un amoureux du théâtre
Charles Mouly, né en 1919 dans le Rouergue, licencié en lettres, entra à la fin de la guerre à Radio Toulouse. Il va rapidement y créer une émission de théâtre radiophonique en compagnie d’un comédien amateur, Gaston Dominique. Le succès fut immédiat. A une époque où la télé ne règnait pas encore en maîtresse sur notre pays, la ville Rose et toute la région s’arrêtaient de vivre à l’heure du repas. Et pendant 45 minutes les familles se retrouvaient à côté du poste afin de rire de bon cœur aux histoires du duo caricatural. La Catinon, femme aussi forte de corps que de caractère, le verbe haut et le manche à balais leste partageait sa vie avec son homme Jacotin qui était exactement le portrait inverse, maigre, pas très courageux et suce bonde invétéré. Pendant des années tout deux surent donner du bonheur aux auditeurs de Toulouse-Pyrénées comme aux lecteurs de la Dépêche et au public nombreux qui vint les voir au théâtre.
Dans les années 70, certains virent en Charles Mouly un écrivain manquant de finesse littéraire. La Catinon n’était sans doute pas assez politiquement correcte pour ceux qui espéraient marcher dans les pas de Fréderic Mistral. Pourtant peu d’auteurs occitans ont été à ce point en phase avec le peuple et ont pu partager la richesse et le géni de la langue occitane avec autant de réussite que Charles Mouly pendant 60 années aux côtés de Catinon et Jacotin.