dimanche 25 janvier 2009

Quand chrétiens, juifs et musulmans vivaient ensembles.

Alem Surre Garcia est la preuve que l’on peut avoir à la fois de la culture et une véritable culture. Enfant d’immigrés espagnols, cet intellectuel toulousain ouvre depuis quelques années un grand chantier de réflexion autour de l’histoire occitane. Dans son ouvrage « Au-delà des rives », il met à bas l’idée selon laquelle les Pyrénées seraient une frontière naturelle entre l’Espagne et la France. Il semble qu’au contraire il fut un temps où ces montagnes ont uni plus qu’elles n’ont séparé, et où les terres occitanes tournaient résolument le dos au nord de l’Europe lui préférant l’attraction culturelle et économique du pourtour méditerranéen.
Au moment où l’Europe se pose beaucoup de questions sur son identité, en s’appuyant sur de solides recherches, Alem Surre Garcia se fait l’archéologue de notre civilisation. Et des rives du Jourdain à celles d’Aquitaine, des rives de Garonne à celles du Guadalquivir, patiemment, avec humour et érudition, ce brillant intellectuel extirpe de l’oubli des pans entiers de notre passé que l’Histoire officielle avait cru bon faire disparaître.
Si vous avez l’opportunité d’aller assister à sa conférence, samedi 30 janvier au Bugue, il faut vous attendre à être irrésistiblement entraîné dans un voyage à travers les lieux et le temps ; le souffle de sa voix s’appuyant par moments sur des images, des vidéos, des cartes numérisées, et des musiciens associant l’Orient et l’Occident. Je vous conseille d’aller également au concert donné le lendemain salle Eugêne Le Roy par les musiciens de « Tenson-electrica ». Maurice Moncozet et ses amis proposent eux aussi une approche nouvelle des chants et des musiques des troubadours.
Pour mettre à mal les idées reçues et penser autrement les affrontements géopolitiques du monde méditerranéen d’aujourd’hui, une conférence et un concert sur le moyen-âge occitan ce week-end au Bugue, salle Eugène Le Roy, vendredi et samedi 31 janvier 2009 à 20h30.

Atlas Sonore de Seilhac : quand un pays nous nous livre ses secrets.

A quoi peuvent donc bien servir les collectages de la mémoire vivante qui se font aujourd’hui un peu partout sur les territoires de France ? Je serais tenté de dire qu’ils sont une trace extraordinaire pour tous ceux qui souhaitent que soient transmises nos cultures aux générations futures. Et chacun à sa façon y apporte sa pierre. Ainsi, en Corrèze, au pays de Seilhac des passionnés ont patiemment enregistré les gens de chez eux qui pour l’occasion se sont faits conteurs, chroniqueurs et témoins-historiens de leurs expériences laborieuses, et même chanteuses ou chanteurs.
Ce long travail a donné naissance à un très intéressant Atlas Sonore. Certains des textes qui se trouvent dans le livret reprennent des enregistrements. On découvre ainsi des héros du quotidien, ces forçats des campagnes que furent les scieurs de long du Limousin ou les faucheurs-migrants qui partaient eux aussi faire la saison dans la Montagne. D’autres commentaires offrent un éclairage sur le pays de Seilhac, sur la promiscuité du français et de l’occitan qui y sont parlés, sur son histoire et sa sociologie. Les photos qui accompagnent les textes sont pour leurs parts belles et sensibles et elles font beaucoup quant à la réussite de l’ouvrage. Elles dévoilent des scènes de la vie courante, des paysages Limousin d’une grande beauté ainsi que les portraits des témoins de cet Atlas Sonore. Le CD enfin, nous permet d’écouter avec bonheur les témoignages en langue d’oc et français, des habitants de ce coin du monde qui nous est si proche à nous périgourdins. J’ai pour ma part beaucoup aimé les enregistrements effectués sur les marchés aux bêtes comme celui réalisé dans une étable. Cela rappellera des souvenirs à bien des auditeurs. La chanson des mois est pour sa part elle aussi incontournable.
De nombreuses raisons donc pour se laisser tenter et ce procurer ce moment d’humanité.

dimanche 11 janvier 2009

La mémoire occitane de la CAP passée au crible !

Il y a ceux qui ont de la culture et ceux qui ont une culture. Il y a les premiers à la culture générale, hors sol, que l’on dit élitiste et loin du peuple. Et puis il y a les seconds, les Sioux, les Inuits, les Touaregs ou les habitants du Périgord qui ont une culture : c’est à dire une langue, une histoire, des pratiques populaires et tant d’autres choses qui font son originalité dans ce grand village global appelé la planète. Souvent ces derniers, généralement hors des réseaux culturels et loin des salles de spectacles, de cinéma, de conférences, ont peu conscience des savoirs qu’ils détiennent. Ce public se sent encore dévalorisé : la culture populaire a depuis toujours été considérée comme ayant peu de valeur et d’intérêt. Aujourd’hui des pans entiers de la culture mondiale sont en train de disparaître accompagnés des milliers de langues dont elles sont porteuses.
Face à ces constats, depuis trois ans, notre département par l’intermédiaire de l’Agence Culturelle Départementale Dordogne Périgord a souhaité réagir en lançant un plan expérimental de développement culturel territorial par la valorisation de l'humain. Cette opération qui a pour nom Mémoire(s) de demain souhaite, au travers d’un grand chantier de collectage, lancer un message fort à la population périgourdine :nos anciens sont une ressource, une matière riche pour la création artistique, l'éducation et l'ouverture d'esprit des générations futures.
Grâce à ce travail des créations originales ont déjà vu le jour mais ce n’est que le début de cette formidable aventure humaine qui semble être une action unique en France. Ces collecteurs de notre mémoire se trouvent depuis cette semaine sur Périgueux et ses alentours alors, n’hésitez pas à aller les rencontrer.
Renseignements ACDDP : 05 53 06 40 00.

dimanche 4 janvier 2009

Pour apprendre à danser facilement !


« Per plan las dançar » Vol 1, Pour bien les danser.
Ce premier opus édité par La Talvera est une méthode simple et agréable pour acquérir des danses d’Occitanie. Ce n’est pas la première fois qu’un dispositif pour apprendre les danses occitanes voit le jour. Cependant, ce DVD marque sa différence avec ses prédécesseurs.
D’abord, l’équipe de la Talvera milite depuis longtemps pour la transmission de la culture occitane. La danse est pour elle à la fois un but et un moyen, « c'est une façon de se positionner par rapport au monde. Danser, […] c'est un acte culturel, un acte politique », une façon d’être et de revendiquer son identité.
Ensuite, il faut voir que chaque chorégraphie proposée dans ce DVD est issue d’un collectage. Les danses ont été recueillies par la Talvera entre 1979 et 2008 dans l'Albigeois, le Rouergue et le Quercy. Chacune d’elle s’inscrit dans une dynamique historique et culturelle au travers de tout notre pays.
Enfin, l’originalité du DVD réside dans le fait qu’il a été filmé avec la volonté de transmettre et de donner l’envie de danser. Lo branle, lo branlon, lo chiborlin, lo virolet pòlcà,la borrèia , lo filoset, lo brisa-pè,… sont expliquées et montrées de façon didactique par un couple, puis dansées de manière collective, en situation dans les magnifiques décors qu’offrent les places et les rues de Cordes sur Ciel.
Un seul regret, que le DVD bilingue occitan-français ne soit pas accompagné d’un CD audio qui proposerait les airs des danses proposées. Mais l’ensemble demeure un très bel outil de transmission, agréable à regarder et très simple à utiliser. Vivement le Volume 2.
Per plan las dançar (Vol 1) Danses d’ Occitanie
Associacion CORDAE/LA Talvera BP 40 23 Carrièira Granda del relòtge 81170 Còrdas http://www.talvera.org/