dimanche 27 septembre 2009

La légende s’anime en Périgord Vert


En milieu rural, la question du patrimoine immatériel et de sa transmission aux jeunes générations se pose aujourd’hui de manière très vive. Depuis 3 ans l’association ARTICLE 19 située en pleine campagne, permet au jeune public d’accéder à des outils d’expression comme l’image filmée en prenant pour thématique la culture et la langue d’oc. Laura Leeson (animatrice principale de l’association) ainsi que sa jeune recrue Julia Caron ont déjà à leur actif « Toc ! Toc ! L’Oc », réalisé en 2007 avec les jeunes de Brantôme et « Tiens ta Langue » conçu avec les lycéens de Bertrand de Born en mai. L’été dernier l’équipe s’est plongée dans un nouveau projet : un film d’animation inspiré de la collecte occitane et cela en 6 jours (écriture du scénario, découpage technique, mise en scène, création de décors, tournage, montage et sonorisation). Le public ciblé était cette fois les jeunes du canton de Montagrier.
Transmettre et éveiller la curiosité
Pour Laura Leeson « ces adolescents on coupé le lien direct avec leur patrimoine, avec la langue de leurs grands- parents, l’atelier était un moyen de leur transmettre notre propre curiosité face à ce patrimoine riche. A partir du moment où les jeunes ont visionné le DVD de la collecte occitane, effectué sur le département, ils se sont rendus compte qu’ils pouvaient en parler avec leur famille et qu’il ne s’agissait pas d’une langue et d’une culture qui leur était étrangère comme ils le croyaient jusqu’alors. »
Les jeunes gens ont tout fait eux-mêmes. Ils ont écrit ensembles une histoire complète de Leberon. Ils y ont mêlé des récits issus de croyances populaires comme les fontaines et leurs « pouvoirs », et l’histoire du diable, qui deviennent des procédés narratifs secondaires et parfois à la limite du « private joke ».
Au résultat, un joli film d’animation en occitan que vous pourrez voir en première diffusion à Grand Brassac le 4 octobre. Preuve est donnée comme le dit encore Laura Leeson « qu’une langue et une culture se transmettent d’autant plus facilement aux jeunes s’ils sont amenés à la transformer et du coup de la faire vivre à leur façon! »

Première diffusion le dimanche 04 octobre à 17h
à l'église de Grand Brassac
dans le cadre des 4e rencontre Orient(s)-Occident(s)05 53 06 40 00


Qu’est-ce qui fait courir Nadau ?

Samedi 26 septembre le groupe Nadau sera en concert à Verteillac.
Depuis 1973, époque où ils s’appelaient encore « Los de Nadau », ce groupe du Béarn n’a eu de cesse de populariser la chanson contemporaine occitane. Après 2 Olympia – un prochain est prévu en avril 2010 – 3 Zenith à Pau, Nadau s’est fait applaudir en juillet dernier par 9000 personnes à l’Estivada de Rodez. Mais qu’est-ce qui peut expliquer un tel succès ? Partout en domaine occitan ils remplissent les salles d’un public trans-générationnel. Les grands parents y vont avec leurs petits enfants, les paysans côtoyant les fonctionnaires et les artisans. Quand on lui demande quel est son secret, Miquèu Masffrand, le charismatique leader du groupe et parolier de la majorité des chansons, cherche des réponses simples. « En chantant le Béarn, les choses de la vie, le pays dont je viens, et les changements qui ont eu lieu depuis 50 ans, c’est un peu de toute l’Occitanie dont je parle. Mes chansons deviennent les chansons des gens. Ce retrouver le dimanche soir sur un quai de gare pour retourner travailler à Paris, c’est une réalité de Pau mais aussi de Toulouse ou de Périgueux. »
Savoir créer des chansons populaires
En revanche, cet occitaniste convaincu qui a toujours été depuis le début aux côté des écoles immersives Calandretas, ce chanteur modeste malgré le succès que rencontre son groupe, ne s’explique toujours pas le fait qu’une de ses chansons ‘l’Immortèla » soit devenue un des hymnes de l’Occitanie. Il reconnaît cependant prendre beaucoup de plaisir quand le public reprend en cœur le refrain. Il sourit quand « Les enfants ne l’appellent pas l’Immortèla, mais simplement Vam caminar (ce qui est la phrase de début du refrain). Et c’est peut-être là le secret de Nadau : une musique et des mélodies modernes aux accents d’hier qui accompagnent des paroles populaires qui savent toucher le public dans leur réalité occitane d’aujourd’hui.
Nadau en concert est un moment d’émotion rare avec pour maître de cérémonie un Miquèu Masffrand, qui manie le rire et la mélancolie durant deux heures sans jamais être vulgaire ni populiste.

« Nadau » en concert le 26 septembre à Verteillac
Sous chapiteau au stade municipal(18 € / gratuit -12 ans)
Réservations au Si 05 53 90 37 78 et CSC 05 53 90 36 24
Organisation : Comité d’animation verteillacois

Rencontres Orient(s)-Occident(s)

Quatre rendez-vous qui mettront en lumière les influences encore visibles entre le Périgord et l’Orient.
Il y a 4 ans, à l’initiative de la Direction de l’Education et de la Culture ainsi que des services Tourisme du Conseil Général de la Dordogne, des Rencontres Orient-Occident avaient vues le jour chaque automne en Périgord. Le but était alors de valoriser le patrimoine médiéval de notre département au travers de l’histoire des moines soldats du moyen-âge. Pour cette 4° édition, c’est l’Agence Culturelle Départementale qui est en charge de l’organisation de ces Rencontres qui débuteront à Cadouin ce 26 septembre pour s’achever le 7 novembre à Bonneville-et-Saint-Avit-de-Fumadières. Entre temps des rendez-vous seront proposés au public à Belvès et à Grand Brassac.
Le Périgord une Terre de légendes
La Dordogne regorge de sites, d’histoires, de légendes, en rapport avec les templiers, les croisées, les pèlerins et bien sûr les troubadours qui ont fait entre le XII° et XIII° siècle de nombreux aller-retour entre l’Aquitaine et Jérusalem. Aussi pour Jean François Gareyte, chef de projet et coordonnateur du festival, « c’est en toute logique que cette action culturelle trouve sa place en Périgord ». Et à ceux pour qui cet évènement pourrait sembler artificiel, il explique « qu’il s’agit là de véritables rencontres entre des artistes venus d’horizons très variés qui ont travaillé en résidences afin de pouvoir proposer dans chaque lieu des spectacles originaux. » Le déroulement de chaque journée aura sensiblement le même canevas. D’abord sera proposée une balade commentée pour découvrir le site. Puis celle-ci sera ponctuée d’une intervention historique dans le but d’éclairer le public sur le lien qu’entretiennent le lieu choisi pour le spectacle et l’Orient. Enfin une animation artistique clôturera l’après-midi mettant en valeur les relations qui ont existées depuis 8 siècles entre les cultures musulmanes, juives et occitanes. En résumé, pour J.F Gareyte «ce sont les histoires et les légendes du moyen âge que l’on propose aux gens de découvrir avec nous » Une belle ambition pour quatre beaux rendez-vous.
Renseignements : 4ème Rencontre Orient(s)-Occident(s)
du 26.09.2009 au 07.11.2009 Périgord Cadouin, Grand-Brassac, Belvès, Bonnevile Agence culturelle Dordogne-Périgord 05 53 06 40 00 / jf.gareyte@culturedordogne.fr

Chanter pour la langue occitane

Quoi de mieux pour se rassembler et resserrer des liens et des amitiés que de chanter en groupe. En Dordogne comme dans tout le domaine occitan de nombreux ateliers de chants ont vu le jour ces dernières années. Aussi, afin de préparer au mieux la grande manifestation pour la défense et la reconnaissance de langue occitane qui aura lieu le 24 octobre prochain à Carcassonne, l’Institut d’Etudes Occitan a très logiquement lancé un projet à l’échelle de toute l’Occitanie autour de chansons occitanes. L’idée est simple, faire chanter un répertoire de chants des différentes régions occitanes à des milliers de personnes. Pour ce faire dix chansons ont été choisies et enregistrées de Bordeaux jusqu’à Marseille, de Clermont jusqu’aux Pyrénées. Ainsi Les Zinzonaires ont proposé pour représenter le Périgord « Maze lo cornelhier ».
L’occasion de créer un espace de convivialité
Le 2° atelier de chant en Périgord se tiendra samedi 12 septembre à partir de 15 heures à la salle de la Pagode à Chamiers, Champs Niers en occitan, Il est ouvert à toutes et à tous et bien sûr gratuit. Pour Yannick Guédec, professeur de chant à l’école de musique de la Dordogne et maître d’œuvre des opérations, « ces ateliers sont surtout l’occasion de faire chanter les gens ensembles, en toute liberté et sans contrainte de niveau ». Pour lui, «l’un des enjeux majeurs est de redonner l’envie du chant collectif dont la pratique s’est perdue au cours de la deuxième moitié du XX° siècle mais pour lequel existe une forte demande semble voir le jour. Il faut que chanter redevienne quelque chose de naturel. »
Pour ceux qui voudraient bien préparer ces rendez-vous, il y aura plusieurs ateliers d’ici le 24 octobre date de la manifestation, sachez que vous pouvez vous procurer le CD et le livret des chansons pour 6 euros sur le site http://anemoc.macarel.net/ ou auprès de l’IEO Périgord. Chanter pour se faire entendre, ou l’art de manifester dans la convivialité.

Atelier de chant occitan, samedi 12 septembre, 15h00 / 18h00
Salle de la Pagode, avenue de Lattre de Tassigny , 24660 Chamiers
Renseignements : Novelum - 05 53 08 76 50 / Courriel : ieo24@ieo-oc.org

Jean Jaurès, théologue laïque et socialisme


Une pensée originale
« Pourquoi ne pas profiter de ce que la plupart des enfants de nos écoles connaissent et parlent encore ce qu'on appelle d'un nom grossier “le patois” ? Ce ne serait pas négliger le français : ce serait le mieux apprendre au contraire que le comparer familièrement dans son vocabulaire, dans sa syntaxe, dans ses moyens d'expression, avec le languedocien et le provençal. Ce serait pour le peuple de France et du Midi, le sujet de l'étude linguistique la plus vivante, la plus familière, la plus féconde pour l'esprit…. » Voici ce que Jean Jaurès écrivait pour La Dépêche de Toulouse en août 1911. Il semble que l’article ait échappé aux pourfendeurs des langues de France qui se prétendent pourtant du Grand Homme.
Le 24 janvier 1910 dans son plus beau discours sur la laïcité, le même déclarait à la tribune de la Chambre : «Voulez-vous me permettre de vous dire toute ma pensée ? Je vous le dis sans embarras : je ne suis pas de ceux que le mot Dieu effraye ». Là encore la philosophie de celui qui fut l’un des plus grand politique français peut embarrasser ceux qui préfèrent ne voir en lui qu’un laïcard.
La vérité du sensible
Jaurès était laïque, anticlérical pur et dur sans aucun doute, mais il l’était surtout vis à vis du catholicisme royaliste, soutien du capital et de la propriété. « Bouffeur de curés » donc, mais véritable croyant, il a nourri sa pensée des évangiles jusqu’à sa mort, assassiné à la veille de la Grande Guerre par un « trafòus » qui ne fut jamais condamné.
Au moment où Jean Jaurès fait l’objet de revendications les plus contradictoires, l’éditeur occitan Vent Terral a eu la bonne idée de nous ramener au texte fondateur de son action et de sa pensée en éditant sa thèse de doctorat « De la réalité du Monde sensible ». Le texte est accompagné par l’éditeur Jordi Blanc d’une longue préface très documenté, claire et précise, qui permet d’accéder encore mieux à cette pensée vivifiante. La théologie laïque et le socialisme original de Jean Jaurès vous aideront sûrement à relativiser le vide de la pensée de cette rentrée.

JAURÈS, OEuvre philosophiques II Vent terral- Fr. - 16 x 24 - 560 p. -35 €